Historiquement, la plupart des entreprises font de l’innovation technologique. Sur un produit donné, la direction technique cherche les meilleures solutions pour améliorer le produit, le rendre plus performant, en se basant sur des ruptures technologiques, ou en introduisant de nouvelles fonctionnalités. On est dans ce cas-là sur de l’innovation incrémentale, ou de la rupture technologique, mais tout en restant dans la ligne de produit.

Concernant les nouveaux produits que l’entreprise souhaite créer, ceci se fait en lien avec les équipes commerciales ou marketing qui identifient les segments de marché à adresser : la direction technique est en charge de proposer les meilleures solutions techniques pour adresser ces marchés.

Ce fonctionnement est indispensable car la technologie est le moteur de l’innovation. Mais il est aujourd’hui insuffisant et doit être complété par d’autres modes d’innovation. De nos jours, certaines entreprises ont pris conscience que l’innovation était beaucoup plus que technologique : on en effet peut innover dans tous les domaines de la société :

·        Dans les processus :

o   comment fabriquer plus rapidement un équipement, donc repenser totalement le processus de fabrication

o   comment diviser par deux les temps de réparation d’un équipement en panne, pour augmenter la satisfaction client tout en réduisant les coûts internes

·        Dans le management et le social:

o   Comment repenser complètement l’organisation d’un service, d’une entreprise, pour la rendre plus performante

o   Comment mieux responsabiliser les employés de la société, leur laisser plus de place à la prise de risque ou d’initiative, tout en les valorisant

·        Dans le marketing ou le commerce :

o   Comment mieux répondre aux attentes du client, et capter les vraies valeurs auxquelles il souhaite qu’on réponde.

o   Comment capter des opportunités de nouveaux business

o   Comment vendre plus cher nos produits, ou vendre différemment, quels nouveaux business model nous permettraient d’être plus compétitifs.

·        Dans les services :

o   Comment passer d’un modèle économique basé sur la vente de produit (acquisition) à un modèle économique de service (location, réalisation d’un service

·        Dans les usages :

o   Comment repenser différent les usages des produits afin de faire en sorte qu’ils répondent mieux aux attentes des utilisateurs.

Le Design Thinking peut être utilisé pour répondre à ces différents modèles d’innovation.

Ce processus Innovation est simple : appliquer le mode de pensée et les outils des Designers au profit de l’innovation des industries. Cela consiste à se focaliser sur les problématiques des utilisateurs pour essayer de trouver des solutions pour les résoudre. Le Design Thinking est un processus en 5 étapes :

1 : Empathy : phase exploratoire + recherche + interviews. Objectif : comprendre l’utilisateur, ses frustrations les plus fortes dans ses missions, ses vrais problèmes.

2 : Define : identifier et se focaliser sur les problèmes les plus importants

3 : Ideate : organiser des séances de créativité (avec des méthodes spécifiques) pour trouver les meilleures solutions aux problèmes

4 : Prototype : faire des maquettes très bas coût pour donner vie aux concepts issues de la phase « ideate » : l’objectif est de les rendre tangible pour les présenter à l’utilisateur

5 : Test : expérimenter les maquettes créées auprès de l’utilisateur, et recueillir son avis, ses feedbacks. Le problème adressé a-t-il été bien compris, la solution est-elle bonne, faut-il la corriger ?

L’originalité du processus réside également dans sa phase de « pensée divergente » : comment trouver des solutions totalement différentes de ce que l’on peut imaginer traditionnellement ? Comment penser différemment, faire émerger ce qu’on appelle le « think out of the box ». Cela passe entre autre par une analyse poussée de l’environnement existant, mais dans des domaines totalement parallèles à ceux que l’on observe d’habitude. Par exemple, une entreprise aéronautique qui souhaite travailler sur un objet qui doit être mobile se posera la question : quelles sont les tendances de la mobilité ? Et on regarde alors ce que le mot « mobilité » veut dire dans tous les domaines : l’automobile, le médical, le spatial, les animaux, le sport, les médias, etc. Une fois qu’on a fait cette analyse des tendances, peut-on s’en inspirer dans notre domaine pour créer de nouvelles solutions ?

Ce processus Design Thinking permet d’avoir un retour très rapide sur une idée d’un nouveau produit ou service, sans investir beaucoup d’argent dans des concepts technologiques coûteux.  Une fois l’idée validée, on peut alors lancer les développements technologiques. Sa valeur ajoutée est l’implication forte de l’utilisateur dès le début du processus. L’idéal est alors de concevoir les produits en impliquant l’utilisateur tout au long du processus, on parle alors de co-design.

Une fois qu’on a compris ce principe qui semble étonnamment très simple et  logique, on peut alors le décliner sur tous les axes d’innovation que j’ai cités précédemment (managérial, services, processus, etc). La seule question à se poser est : qui est l’utilisateur ? On déploie alors le processus autour de cet utilisateur.

Par exemple, pour repenser totalement un processus de fabrication, on se concentre sur la personne qui fabrique l’objet (c’est lui l’utilisateur du processus) et on rentre en empathie avec lui, on l’observe, on l’accompagne dans son travail afin de comprendre ses vraies problématiques. Une fois qu’on les a comprises, on cherche les meilleures solutions. On peut alors les prototyper, et proposer à notre utilisateur d’expérimenter le processus modifié.